Auteur: Christian Moreau de Noisy le Sec, France, publié
sur le groupe du Cercle Généalogique Poitevin, le jeudi 23, décembre 2004 à
09:40 par aldolino93130.
Histoire de La Chaussée
ORIGINE DU NOM
1104 - Amelia de Calciata... puis... de Calceia Guarnerius de
Calcearia
1108 - Aimericus de Calcea
1279 - Nostre Dame de la Chaucée.., en... Louduneis
1383 - Capellanus de Calciata
1473 - La Chaussée
1607 - La Chaussée de Renoué
1779 - Notre Dame de la Chaussée de Renouhé
L'ancienne voie qui a donné son nom à cette localité est mentionnée dans une
charte du temps de Guillaume Adelelme, évêque de Poitiers (1124-1140).
Avant 1790, La paroisse de La Chaussée faisait partie de l'archiprêtré, de la
châtellenie, du baillage et de l'élection de LOUDUN.
La cure était à la nomination de l'abbé de Saint-Jouin de Marnes, seigneur de la
paroisse.
Chemin Chaussé : ancienne voie romaine de Saintes-Poitiers à Angers :
1335 - Via que vocatur la Chaussée
1405 - Voie de la Chaussée
1489 - Chemin Chaussé (par où l'on va de Vivonne à Comblé)
1594 - Chemin de la Chaussée (qui va de Vivonne à Saincte Souline)
1646 - Chemin Chaussé (comme l'on va de Vivonne à Rom)
Ce chemin est encore pratiqué en quelques endroits et est appelé Chemin des
Romains.
La Chaussée comprend deux « Chaussées » : la Grande et La Petite cette dernière
possède l'église et, pour cette raison, les habitants l'appelaient « La Chaussée
qui sounne ». Quant à la commune, on
l'appelait la Chaussée de Renoué à cause du petit bourg de Renoué. Ce nom, la
Chaussée de Renoué était déformé en « Chaussi de Roui » par le langage local. La
Petite Chaussée dite la Chaussée qui sounne, possède une charmante église de
style roman ogival, placée sous le vocable de Notre Dame. Intérieurement, on
doit remarquer une chapelle et une crédence en élégant style du XVème siècle.
Sur la Commune de la Chaussée se trouve le Château de la Bonnetière avec ses
tours et sa chapelle.
La commune, qui est proche de la Forêt de Scévolles, possédait de nombreux bois
de noisetiers et des carrières de sable et de pierre à chaux utilisés dans les
fours des chauleries.
LE CHATEAU DE LA BONNETIÈRE
La Bonnetière doit peut-être son nom à la qualité des terres au milieu
desquelles, depuis quelque cinq cents ans, ce château brave le temps. Ses quatre
tours rondes, son corps de bâtiment et les fossés qui en défendaient l'entrée,
dateraient en effet du 15e. Époque où apparaît dans notre région la famille de
Vaucelles : la première à notre connaissance qui ait possédé la Bonnetière, et
probablement celle qui la fit édifier.
Issus de Touraine, les Vaucelles se présentent comme de puissants seigneurs,
possédant de nombreuses terres en Poitou aussi bien qu'en Maine, où ils
s'implantent au 16ème tout en conservant un pied dans
chaque région.- Ils sont alors au service des ducs de Montpensier, qui tenaient
leur cour à Champigny sur Veude.
C'est au siècle suivant, vers 1660, qu'on rencontre un Pierre de Vaucelles,
seigneur de la Bonnetière.
Notons que son père était seigneur de Berthegon en même temps que Ravigny, près
d'Alençon. Lui-même est nommé dans un fermage de la seigneurie voisine du Bourg
en la Chaussée, principal centre de recrutement des premières familles
acadiennes. On ne s'étonnera pas que Pierre mis à part, les fermiers cités
s'appellent Robichaud, Landry ou Giroire : tous noms qui essaimaient en Acadie.
En 1685, Jeanne de Vaucelles, sa fille, épouse Le chevalier Louis Marreau de
Boisguérin. Par ce mariage, le château passe aux mains d'une illustre famille
loudunaise, naguère elle-même au service des Montpensier.
Deux Marreau, au début de ce 17ème avaient été gouverneurs de Loudun : Marc -
Antoine, père et fils. Le premier, compagnon d'armes d'Henri IV, fut nommé dès
1589 capitaine du château, puis gouverneur de la ville en 1603. Il le demeura
une quinzaine d'années après quoi il désigna son fils pour lui succéder,
lui-même fut promu gentilhomme ordinaire de la Maison du Roi, et tous deux
furent contraints de démissionner, en 1617, ce fils ayant malencontreusement
pris parti contre Louis XIII:… Malencontreusement si l'on songe que son père
était ami des rois et son propre frère, depuis peu, leur cousin. Ce dernier
venait d'épouser une certaine Marie de Dreux, fille d'un seigneur de La
Chaussée, président de l'élection de Loudun, et qui plus est, descendant de
Robert de Dreux, 4ème fils de Louis VI Le Gros.
Notre Louis Marreau est le petit-fils de Marie. Propriétaire de La Bonnetière
par son mariage, cet ancien garde du corps du roi Louis XIV devient en 1698,
capitaine d'une compagnie … à la Martinique: Son père avait été quant à lui, en
1647, capitaine au régiment de Razilly, qui s'illustrait en Acadie douze ans
auparavant, puis il était revenu épouser la fille d'un lieutenant civil au
baillage de Loudun. Durant les cent vingt ans qu'ils possédèrent le château, les
Marreau allaient cultiver ce genre de paradoxe.
Au 18ème, l'un est curé de Martaizé, l'autre ursuline à Loudun, et la plupart se
font enterrer en l'église de La Chaussée. Ils n'en demeurent pas moins tentés
par d'autres horizons, comme ce Jacques Marreau de la Bonnetière, lieutenant de
vaisseau tué à Saint Domingue en 1802, ou comme son frère Alexandre, émigré
pendant la Révolution, que son père certifie résider à la Bonnetière et qui ne
reviendra pourtant de Pologne qu'en 1611, in extremis pour se marier avant sa
mort.
Pendant cette période, les Marreau imposent néanmoins leur marque au château,
par l'adjonction de pavillons aux flancs des tours et surtout, dans la
décoration intérieure : de style Louis XVI, avant que la Bonnetière ne change de
mains par le mariage de Charlotte, sœur des précédents.
Le 25 décembre 1806, elle épouse Pierre Goudon de la Lande, Cte de l'Héraudière,
qui appartient à une vieille famille de prévôts et lieutenants criminels de
Montmorillon. Ancien émigré, Pierre avait servi dans l'armée de Condé, en même
temps que son futur beau-frère. Les deux familles s'unissent encore en 1841, au
point de se fondre ; son fils épousant Geneviève Marreau, dernière du nom. Né de
cette union, Jules Goudon De La Lande fera apposer leurs armes sur le vitrail,
dédié aux saints patrons de ses parents, qu'il offrira à L'église de La
Chaussée.
A la Bonnetière même, on retrouve ces armes dans la chapelle, dont la décoration
néogothique appartient au 19ème siècle. On retrouve également certains
aménagements intérieurs au château, bien dans le goût de cette époque à laquelle
il doit en outre ses ailes. Les Goudon possédèrent la Bonnetière pendant à peu
près cent ans, à la suite de quoi, vers 1914, ce château qui avait abrité depuis
au moins trois siècles, trois nobles familles de la région, fut vendu. Dès lors
il connut un sort pour le moins immérité, perdant peu à peu
et son allure et sa vocation de château. Ses propriétaires empêchèrent
cependant, comme leurs prédécesseurs, qu'il ne tombe en ruines, permettant
aujourd'hui à B. De La Bouillerie de le rendre bientôt digne de son passé.
C'est, depuis cette année 1992, le cadre d'un « Spectacle Son Image et Lumière
sur Le Thème de l'Acadie ».
LA MAISON DE L'ACADIE
La Maison de l'Acadie vous invite à découvrir L'histoire des familles du
Loudunais parties au XVIIème siècle, guidées par Isaac de Razilly, Menou
d'Aulnay, et Martin Le Godelier, pour fonder une colonie agricole en la Nouvelle
France. Sans être tout à fait un Musée, elle est plutôt un Lieu de
"retrouvailles" entre deux pays dont les habitants restent encore, malgré les
siècles, les membres d'une même famille, puisqu'ils portent les mêmes noms
patronymiques. La salle des traditions populaires retrace à travers des objets
usuels et documents-photos les liens entre le Poitou d'autrefois et l'Acadie du
milieu rural dans la vie de tous les jours. Vous pourrez y admirer les meubles
de style poitevin, les coiffes anciennes, la cheminée d'époque XVIIème intacte
et la plaque de cheminée reproduisant les armes de la famille de Razilly (les
donateurs) et également le costume féminin acadien, offert par Le Musée
Historique Acadien de Caraquet.
La salle de lecture "Geneviève Massignon" accueille les visiteurs intéressés par
des documents à compulser sur place ou par des recherches généalogiques
personnelles. Le nom de Geneviève Massignon a été donné à cette bibliothèque
pour honorer la mémoire de cette grande ethnologue trop tôt disparue, et grande
amie des Acadiens.
Au premier étage, enfin, se trouve la salle de réunion appelée "Evangeline" qui
est utilisée pour les réceptions de groupes et les projections de films. Des
documents de généalogie figurent accrochés aux murs ; en particulier
apparaissent les noms de certains futurs Acadiens, qui signent comme parrains ou
marraines, tels que : Menou d'Aulnay, Martin Le Godelier, Françoise Gaudet,
Martine Gauthier, René Landry...
LE DEPART
Charles Menou d'Aulnay, gouverneur de l'Acadie, fait recruter des volontaires
sur les terres de sa mère, entre La Chaussée et Martaizé. C'est en 1642, écrit
M. Caillebeau, que l'on peut imaginer devant l'église de La Chaussée, le
rassemblement d'une douzaine de chariots contenant les jeunes ménages du
Loudunais, premiers colons de l'Acadie. Le notaire, Vincent Landry, est présent,
de même que le seigneur du bourg, M. Le Godelier, qui va conduire les émigrants
jusqu'en Acadie. Sa demeure existe encore à la Chaussée, face au château de la
Bonnetière datant des 13e et 15e siècles et qui ne manqua pas, lui aussi, d'être
concerné par l'aventure.
Sources de l'auteur: archives municipales de Loudun
Marcel Walter Landry - Pour toute question ou problème concernant ce site
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Dernière modification
: samedi 05 avril 2014