REMONTER
Robert Prévost. Portraits de familles pionnières
Vol. 1, Éditions Libre Expression, Montréal, 1993
Page 160 à 164
Les Landry sont de souche acadienne ou percheronne
La souche des Landry du Québec est bien sûr: française, mais certains d'entre
eux ont pour ancêtre; des pionniers qui nous sont venus après un crochet par
l'Acadie.
Lorsqu'on passe par Carleton, en Gaspésie, on a perçoit, sur les bords de la
baie des Chaleurs, un cairn servant de socle à une statuette blanche et
s'accompagnant d'une croix. Une inscription nous en révèle h signification: «Sur
l'îlet d'en face ont passé l'hiver 1755-56 les premières familles acadiennes
venant de Beaubassin, les Le Blanc, Comeau, Dugas, Landry».
Cette année 1755 rappelle ce que, pudiquement, l'on désigne parfois comme le
«grand dérangement», l'inqualifiable tragédie que vécurent les Acadiens. C'est à
Beaubassin que s'effectua la première razzia. Des familles parvinrent à se
réfugier dans les bois, et certaines gagnèrent la Nouvelle-France.
Selon l'Histoire des Acadiens, de Bona Arsenault ceux des proscrits qui
s'établirent à Carleton n'y arrivèrent pas dès l'automne de 1755. La famille de
Joseph Landry aurait tout d'abord été déportée au Massachusetts, Cependant, le
fils, Claude, devait se fixer à Carleton, et s'il y est arrivé avant la fin de
1755, c'est qu'une autre famille l'y aurait conduit, car il n'était alors âgé
que de sept ans. En 1777, un recensement atteste de sa présence dans cette
localité. Le 16 octobre 1770, il avait épousé; à Québec, Hélène Dugas, fille de
Charles et d'Anne Le Blanc.
On ne sait malheureusement pas de quelle région exacte de France sont venus les
pionniers de l'Acadie. On retrouve les noms des premières familles tant au
Poitou qu'en Saintonge. Ainsi, des Landry figurent dans les registres de La
Chaussée et de Saint-Jeand'Angély, départements actuels de Vienne et de
Charente-Maritime, respectivement.
On est mieux éclairé, cependant, sur les Landry de souche percheronne. En effet,
quand l'intendant Talon fait procéder au premier recensement en Nouvelle-France,
en 1666, on y trouve un certain Guillaume Landry établi dans l'île d'Orléans
avec son épouse et deux enfants, Marguerite et Claude, âgés respectivement de
cinq et trois ans. L'année suivante, les recenseurs constatent une nouvelle
naissance, celle de Barthélemi, âgé d'un an. Le père était au sens propre un
habitant, car il possédait maintenant 15 arpents en valeur et deux bêtes à
cornes. C'était le terme que l'on utilisait fort judicieusement pour distinguer
les pionniers établis à demeure, des soldats, administrateurs, négociants et
autres gens qui n'étaient que de passage dans la colonie.
Guillaume Landry, fils d'un maître tailleur d'habits de La Ventrouze, au Perche,
avait vu le jour le 23 février 1623. Son père, Mathurin, originaire de
Neuilly-sur-Eure, avait épousé Damiane Desavis à La Ventrouze en novembre 1620.
L'église où Guillaume reçut le baptême et où ses parents s'étaient mariés existe
toujours. Elle date des XVe et XVIe siècles; même les fonts baptismaux sont du
XVe, de sorte qu'ils ont reçu l'eau régénératrice qui coula sur le front du
futur colon de la Nouvelle-France. En arrière subsistent les vestiges d'un
château qui était alors celui de l'une des principales seigneuries du Perche.
Les deux tours de l'entrée, de même que le logis, ont été restaurés; celuici se
distingue par un intéressant appareillage de briques rouges et brunes formant
des croisillons.
La Ventrouze est à toute proximité de la grande N 12, dont le premier tronçon
important, qui débute tout de suite à l'ouest de Versailles, va vers Alençon, la
patrie de Mme de la Peltrie. Tour à tour se présentent les villes de Dreux et de
Verneuil (87 km depuis Versailles). Vingt kilomètres au-delà de Verneuil, la
route franchit la D 243 qui, sur la droite, passe aussitôt par La Ventrouze.
On ne sait quand exactement Guillaume Landry arriva à Québec, mais il s'y
trouvait dès l'automne de 1656. C'est le 14 octobre 1659 qu'il y épousa une
Normande, Gabrielle Barré, originaire de La Rochelle, qui était servante chez
Guillaume Couillard, le gendre de Louis Hébert.
Le couple ne s'établit qu'un peu plus tard dans l'île d'Orléans, car, si l'on ne
sait où naquit leur fille Marguerite, c'est au Château-Richer que fut baptisé le
fils Claude, en 1662. Quant à Barthélemi, c'est à Sainte-Famille qu'il le fut,
le 12 avril 1666. sans doute le père venait-il tout juste de s'y fixer, le
recensement de la même année ne mentionnant pas qu'il avait entrepris de mettre
sa concession en valeur.
Le pionnier passa le reste de son existence à Sainte-Famille. Il y décéda en
1689. Lors du recensement de 1681, il avait 15 arpents en valeur et quatre bêtes
à cornes. Marguerite avait quitté le toit paternel neuf ans plus tôt pour
épouser Esprit Carbonneau, un habitant du même lieu; lors du recensement, il
avait déjà 17 arpents en valeur et huit bêtes à cornes. Le couple comptait deux
enfants; au fil des ans, Marguerite devait en présenter huit autres à son mari.
Comme elle était âgée de 21 ans en 1681, elle n'en avait que 12 au moment de son
mariage.
Selon le recensement, les deux fils, Claude et Barthélemi, âgés respectivement
de 19 et 1.5 ans, vivaient toujours sous le toit familial. Claude épousa
Angélique Vérieu le 17 août 1688, à Sainte-Famille. Le couple eut 13 enfants
dont sept fils. Au moins cinq de ceux-ci fondèrent à leur tour un foyer. Et
c'était tant mieux pour assurer la perpétuation du patronyme, car le seul autre
fils, Barthélemi, décéda à Sainte-Famille en 1688, âgé de 22 ans.
C'est donc par le fils Claude que les Landry de souche percheronne ont pu
essaimer, grâce à ses propres fils, qui épousèrent tous des jeunes filles de
SainteFamille ou de Saint-François: Charles fonda un foyer avec Madeleine
Guérard en 1715; Louis-Hyacinthe en 1722 avec Geneviève Migneron; Joseph en 1728
avec Madeleine Giroux; Claude, la même année, avec Suzanne Tareau, et Augustin
en 1729 avec Angélique Guyon.
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Dernière modification
: samedi 05 avril 2014